Success story : Distalmotion

Prêt Tech Seed en 2011

D’une start-up née en février 2012 sur le campus de l’EPFL, Distalmotion s’est mue au fil des années en une entreprise solide réunissant aujourd’hui une équipe de 200 personnes. Le projet de départ, celui d’une chirurgie robotique accessible au plus grand nombre, s’est concrétisé à l’échelle européenne, et bientôt américaine. Grâce au robot « Dexter », les innovateurs de Distalmotion ont su apporter une réponse nouvelle à la manière d’envisager l’assistance par robot. Un robot qui n’est plus seulement un outil « support », mais qui devient un véritable « sparring partner », un assistant du chirurgien au sein du bloc. Une solution qui ouvre également le champ d’une chirurgie mini invasive aux patients, disponible à l’échelle internationale sous peu.  

Une croissance remarquable, dont l’un des premiers catalyseurs fut le prêt Tech Seed de 100'000 CHF obtenu par les fondateurs de Distalmotion en novembre 2011, essentiel « aux chercheurs pour leurs premiers pas, pour sortir des laboratoires et aller vers l’indépendance » confirme Michael Friedrich, Chief Operating Officer de Distalmotion.
 
Rendre la chirurgie robotique accessible à tous les patients
Encore très confidentielle il y a quelques années, la chirurgie robotique était jusqu’alors souvent réalisée à distance par les médecins et réservée aux opérations complexes. Une technologie qui échappait donc à environ 85% des patients, soumis à des interventions moyennement ou peu complexes. Des patients opérés sur le mode d’une chirurgie dite « ouverte » ou par laparoscopie. « Ces opérations ouvertes, qui étaient alors prépondérantes, ne sont pas optimales pour le patient. Elles laissent des cicatrices parfois importantes, demandent un suivi postopératoire souvent long, peuvent entrainer des douleurs. Des phénomènes largement atténués lorsque la chirurgie est robotisée » explique Michael Friedrich.
Moins de douleurs, de cicatrices, une capacité de récupération plus rapide, des plus-values importantes pour les patients que l’équipe de Distalmotion a souhaité démocratiser. « Pour répondre à ce « gap » qui concerne 85% des patients, nous avons dû réfléchir à une technologie capable de s’adapter au plus grand nombre d’opérations allant du diaphragme à la zone pelvienne » poursuit Michael Friedrich. Une technologie  qui se révèle sous les traits du robot « Dexter » développé par Distalmotion, vecteur de cette chirurgie dite « mini-invasive ».

Un challenge relevé grâce - entre autres - au formidable coup d’accélérateur qu’a représenté l’obtention du prêt Tech Seed de 100'000 CHF octroyé par la FIT en 2011. « Recevoir un prêt au début des projets est très important pour les chercheurs, c’est ce qui nous permet de sortir des laboratoires, de vraiment lancer notre innovation de manière indépendante. À ce titre, les prêts FIT sont clé dans l’écosystème entrepreneurial ». 

Dexter est aujourd’hui cliniquement versatile et est utilisé pour des opérations de chirurgie générale, d’urologie et de gynécologie, avec une expérience clinique de plus de 30 types de procédures mini-invasives sur ces trois segments. Plus de 1’500 patients ont été opérés à l’aide de cette technologie.

Un robot « sparring partner » du chirurgien
Ce robot opère « dans la vraie vie » comme le qualifie Michael Friedrich, en comparaison aux robots jusqu’alors utilisés à distance par les chirurgiens. « En invitant Dexter au sein du bloc, on a créé un partenaire pour le chirurgien, et non plus une simple interface robotique ». Un médecin qui peut de surcroit, pour certaines opérations comme dans le cas d’une hernie, pratiquer une « solo surgery ». Dexter devient un partenaire, qui ne nécessite pas de chirurgien assistant en plus. Un gain financier, mais pas seulement. « Aujourd’hui les jeunes chirurgiens ne sont plus aussi bien formés à la laparoscopie et de plus en plus habitués à l’usage des robots. Il y a donc une vraie demande de leur part, mais aussi de celle des hôpitaux, pour un équipement adapté à ces nouvelles pratiques ».

Car en plus d’offrir des gains indéniables sur le confort et bien-être des patients, Dexter améliore grandement la pratique du métier de chirurgien. « Les médecins travaillent de manière plus ergonomique - sans être constamment penchés avec les maux de dos que cela peut entrainer – et avec une concentration accrue » confirme Michael Friedrich. Une ergonomie rendue possible grâce à un robot de petite taille, très maniable, « qui a le potentiel d’être dans tous les blocs opératoires ».

Un potentiel que Distalmotion va pousser encore plus loin avec l’ouverture au marché américain, qui débutera par des chirurgies robotiques sur des hernies inguinales, représentant à elles seules 1 million de patients par an. Et les perspectives de développement sont encore énormes. « Nous sommes sur un des marchés les plus compétitifs et intéressants, les défis qui nous attendent sont très stimulants » conclut Michael Friedrich.

Texte : Laure Bruttin-Franck